Parler pour ne rien dire Extrait de l’un des sketches de Raymond Devos (1922-2006)

, par  J.G.

« Mesdames et messieurs..., je vous signale tout de suite que je vais parler pour ne rien dire.
Oh ! je sais !
Vous pensez :
“S’il n’a rien à dire... il ferait mieux de se taire !”
Évidemment ! Mais c’est trop facile !... C’est trop facile !
Vous voudriez que je fasse comme tous ceux qui n’ont rien à dire et qui le gardent pour eux ?
Eh bien, non ! Mesdames et messieurs, moi, lorsque je n’ai rien à dire, je veux qu’on le sache !
Je veux en faire profiter les autres !
Et si, vous-mêmes, mesdames et messieurs, vous n’avez rien à dire, eh bien, on en parle, on en discute !
Je ne suis pas ennemi du colloque.
Mais, me direz-vous, si on parle pour ne rien dire, de quoi allons-nous parler ?
Eh bien, de rien ! De rien !
Car rien... ce n’est pas rien !
La preuve, c’est qu’on peut le soustraire.
Exemple :
Rien moins rien = moins que rien !
Si l’on peut trouver moins que rien, c’est que rien vaut déjà quelque chose !
On peut acheter quelque chose avec rien !
En le multipliant !
Une fois rien... c’est rien !
Deux fois rien... ce n’est pas beaucoup !
Mais trois fois rien !... Pour trois fois rien, on peut déjà acheter quelque chose... et pour pas cher !
Maintenant, si vous multipliez trois fois rien par trois fois rien :
Rien multiplié par rien = rien.
Trois multiplié par trois = neuf.
Cela fait : rien de neuf !
Oui... Ce n’est pas la peine d’en parler ! »
Raymond Devos

Source : A. Deledicq, J.-C. Deledicq et F. Casiro, Les Maths&la Plume (vol. 1), ACL- Les Éditions du Kangourou, 2000, Paris, p. 7.

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